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« film » (2008)

Silenda



« Damiano Foà fait un film. Il n’a aucune raison de le faire : il en a la nécessité.

Le tournage est conçu comme un ensemble dramatique d’oppositions : espaces fermés/ouverts (à l’occasion, l’intérieur d’une usine désaffectée s’alterne à l’extérieur d’un bord de mer normand), multiplicité de figurants (un danseur, un acteur de théâtre, des marionnettes, un funambule), variation de lumières (éclairage artificiel de théâtre / éclairage naturel), diversité de matériaux organiques (bois, eau, pierre, sable, êtres vivants), points de vue vertigineux (écarts entre très plans rapprochés et plans éloignés) … C’est un chantier en éclat qui travaille sur les mouvements des fragments qui le composent : un ensemble clos et prédéterminé mais qui prévoit aussi une ouverture totale à l’accident. Ce film porte en effet sur une idée du réel perçu comme chaos des différents éléments – solitaires car indivisibles – qui le composent mais aussi comme système de ce qui lie solidairement ces éléments en une seule masse solitaire. Entre grand et petit, animé et inanimé, mouvement et immobilité, mort et vivant, présent et absent, réel et irréel, Damiano Foà conçoit donc son tournage comme un système chaotique où il est encore possible de déceler une constante qui pourrait lier les différents fragments en en respectant préalablement l’éclat de chacun. Dans une poétique qui tente de saisir l’irréalité du réel, l’ouverture qui compromet tout système, la lecture nécessaire de ce qui échappe à la raison – nous sommes proches de réalisateurs comme D. Lynch, F. Fellini ou Théo Angélopoulos -, le tournage est avant tout l’histoire annoncée d’un montage à venir : l’énigme qui demande la réponse ou bien, dans un beckettien pire des cas, le mystère qui s’en tient à l’insoluble enquête.

Dans le « Film » de Damiano Foà il n’y a pas de titre ni de scénario : il manque toute référence à un propos narratif. Tout comme dans le « Film » de Samuel Beckett, la caméra est en effet entendue comme œil, c’est-à-dire comme acte de la vision qui capte la lumière, le mouvement, les lignes, la matière. Les acteurs, non soumis au simple fait de devoir raconter une histoire préétablie, ne sont-ils pas au même niveau de tous les éléments de l’ensemble du tournage (sable, pierre, etc.) ? Ne sont-ils pas simples choses parmi les choses, matière organique participant du même organisme des autres matières ? Tutto rinchiuso in se stesso sconfina nell’altro : tout participe de cet acte de création qui consiste à déclencher les tensions nécessaires où l’on peut saisir dans le drame de la lumière et du mouvement des images la solitude qui lie pourtant une foule.

Comme Beckett - sans aucune prétention mais par un geste artistique justifié par une simple évidence-, Damaino Foà appelle son film « Film » car la seule histoire qui y est racontée est celle du film même. En revanche, si Beckett situait le drame entre l’œil de la caméra, l’œil du spectateur et l’œil de Buster Keaton, Damiano Foà centre l’histoire de son film dans les rapports qui s’instaurent entre son tournage et son montage. Ainsi, nous apprend-il que son film est l’histoire de celui qui le fait : l’histoire du réalisateur. Une nouvelle idée du scénario en découle : le scénario n’est plus une histoire préétablie qu’il faut raconter à travers un film, mais une mise en scène d’un chantier qui cherche en lui une histoire possible. Le sujet du film est avant tout ce regard que le réalisateur porte sur l’espace dont il s’est entouré : perçu initialement dans son devenir énigmatique, dans la fragilité et l’incertitude propres à toute création, le montage essaiera d’en décrypter la cohérence, la cohésion, la nécessaire lecture d’ensemble. Ceci sans vouloir réduire le chaotique à une logique, l’énigme à une réponse, le non-sens du sensible au sens de la raison, mais en respectant de ce qui est chaotique la clarté du mystère : le fil non tendu du gribouillis.

Damiano Foà crea limitandosi a carpirne (senza necessariamente capire) la necessità : del  « cosa » e del « come » tutto si può dire, ma il « perché » spetta all’arte che è, in fin dei conti, necessaria non risposta al mistero della vita. La sua giustezza / giustizia è nel non rispondere, nel tacere ostinatamente di fronte all’enigma, non tendere il filo. Rispettare le sinuosità del ghirigoro. Accettare l’arroganza delle cose che sono : la frattura con tutto, la separazione che ci fa solitarii. »

Ettore Labbate


L'équipe

Auteur/e : Damiano FOÀ, Fernando Maraghini, Maria Erica Pacileo

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