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Embrasser les ombres (2011)

Théâtre du Loup Blanc

Durée : 2h15
Date et lieu de création : 15 mars au Théâtre de l'Archipel (Granville)





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EMBRASSER LES OMBRES (2001)

CARLOTTA. – Personne ne sait quel fardeau c’est de vivre avec toi. Et pas seulement maintenant que tu as arrêté d’écrire… Mais toutes ces années, depuis que je t’ai rencontré, ont été enterrées avec les ombres.

Norén vouait un véritable culte à la pièce autobiographique d’O’Neill. Douze ans durant, il œuvra sur ce projet fou : écrire un texte-miroir, une sorte d’hommage œdipien au dramaturge américain. Dans Embrasser les ombres, il donne corps et âme au couple qu’Eugene O’Neill lui-même forma à la fin de sa vie avec l’actrice Carlotta Monterey. Et, pour que l’effet-miroir soit plus saisissant encore, il opte, comme dans Long voyage, pour quatre protagonistes (sous l’œil, cette fois, d’un domestique japonais) en confrontant Eugene et Carlotta, en 1949, aux deux fils de l’auteur : Eugene Jr et Shane. Tous deux, adultes-enfants, quémandent en vain la reconnaissance et l’amour d’un père qui, muré dans son œuvre, ne les voit pas. Et cela au bord de la mer, encore, huit ans après que O’Neill eut écrit Long voyage, dont le souvenir obsède, littéralement, les personnages de Embrasser les ombres.

UNE JOURNÉE D’ANNIVERSAIRE

CARLOTTA, prend le singe dans ses bras. — Gene… Tu me l’as donné. Et c’est probablement le plus merveilleux cadeau que tu m’aies jamais offert, à part Long voyage vers la nuit. Tu sais que j’ai pleuré quand je l’ai lu. C’est tout ce que je pouvais faire. On ne pleure pas pour ne rien dire.

Une génération plus tard : le jeune Edmund de Long voyage vers la nuit, au sanatorium, est devenu Eugene o’Neill, dramaturge américain dont l’œuvre a été couronnée par trois prix Pulitzer et, en 1936, par un prix Nobel. Nous le retrouvons en 1949, dans sa maison de Marblehead, au Massachusetts, où il s’est retiré loin du monde. Très diminué, atteint par la maladie de Parkinson, il vit avec Carlotta, sa troisième épouse, une relation passionnelle. Le jour de ses soixante ans, il reçoit les fils que lui ont donné ses deux ex-épouses : Eugene Jr, double alcoolique et raté de Jamie, son oncle, et Shane, ancien combattant devenu dépendant de l’héroïne au cours de la guerre de Corée. Quant à Oona, sa fille, il l’a reniée en 1943, quand, à l’âge de 17 ans, elle a épousé « le vieux Chaplin ». Tout au long de la pièce, les deux fils seront en butte à l’hostilité jalouse de Carlotta et à l’indifférence du père, focalisé sur son œuvre et toujours obsédé par ses morts : il a écrit quelques années plus tôt Long voyage vers la nuit, dont il continue d’ « embrasser les ombres »…

UNE FARCE TRAGIQUE

EUGENE JR regarde sa montre. Je déteste quitter une fête, surtout si elle était stimulante, mais il commence à se faire tard.
SHANE. Oui, j’aimerais partir maintenant.

Entre les deux pièces — et les deux générations —, deux guerres qui sont des cataclysmes planétaires. Le texte de Norén, qui témoigne d’une grande connaissance de la vie et de l’œuvre d’O’Neill, est encore plus violent, plus sauvage, et les relations entre les personnages plus exacerbées. N'oublions pas que Embrasser les ombres se situe en 1949, quatre ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale dont le spectre hante les protagonistes : en voyant ce qu’est devenu Shane, on songe aux soldats retour du Viêtnam ou de l’Irak. Toutefois, comme une rivière souterraine qui l’irrigue d’un bout à l’autre, un humour noir, grinçant, ravageur, parcourt et sous-tend la pièce — jusqu’à pouvoir donner lieu, dans la mise en scène, à un burlesque tragique, à un expressionnisme clownesque : les deux fils, albatros englués dans le goudron, essaient en vain de se mouvoir, dans un espace minuscule, resserré. Il n’y a pas de place pour eux dans la maison d’Eugene et de Carlotta. Le personnage quasi muet de Saki, le serviteur japonais, sera interprété par un acteur du Nô versé dans les arts martiaux : comme un regard énigmatique et distancié de l’Orient sur l’Occident.
Comme nous, le spectateur devrait être captivé par cette mise en abyme : après avoir vu Long voyage vers la nuit, qui se situe en 1912, il verra l’auteur en 1949, quelques années après l’écriture de sa pièce : O’Neill la dédie à Carlotta, et c’est à Carlotta que Norén, à la fin de la sienne, donne la parole : la boucle est bouclée.


L'équipe

Auteur/e : Lars Norén
Distribution : Arnaud Denissel (Edmund), Marie Grudzinski (Carlotta), Olivier Hémon (Eugene O'Neill), Masato Matsuura (Saki), Philippe Risler (Eugene Jr)
Décors / scénographie : Charlotte Villermet
Costumes : Philippe Varache
Création lumières : Hervé Bontemps
Création bande son : Andrea Cohen
Composition musicale : Andrea Cohen
Autre(s) collaboration(s) artistique(s) : Daniel Blanc, coiffures, et Vincent Lemoine, régie

Contacts

Pour afficher les coordonnées de l'équipe artistique Théâtre du Loup Blanc : cliquez ici

Production

Co-production et partenariat :  Théâtre de l'Archipel (Granville), DRAC et Conseil régional Basse-Normandie, Conseil général de l'Orne

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